Artistique : 2008-2009 & 2009-2010
Du côté de mes compétitions individuelles, du changement était au rendez-vous.
Je passais en 2ème division, c’est-à-dire celle juste en dessous des espoirs de la France et de ceux qui étaient sélectionnés pour participer aux Championnats d’Europe, du Monde et des Jeux Olympiques. J’avais mine de rien accompli un sacré exploit et j’étais donc engagée dans les Tournois de France (TDF), qualificatif pour les Championnats France, contre des patineuses qui avaient commencé ce sport bien avant moi…
Pour atteindre cette division, j’avais dû valider la médaille minimum requise. A la suite de ce succès et après la lecture des nouveaux règlements, ce sont mes entraîneurs qui m’ont demandé si je voulais tenter cette nouvelle expérience : j’ai dit oui sans hésitation.
Pour se qualifier pour les Championnats de France, il fallait participer à plusieurs TDF, dans minimum 2 zones différentes de la France sur 5, selon le découpage du système.
Ensuite, le classement de la compétition permettait de gagner des points pour établir le classement national.
Durant ces deux saisons, j’évoluais dans la catégorie Novice : c’était la plus populaire, nous étions plus de 130 patineuses au classement national ! Autant dire que j’avais très peu de chance d’être qualifiée, seulement une trentaine de patineuses. Même si je surveillais le classement par curiosité personnelle, mon objectif principal n’était pas les Championnats de France.
On pourrait croire que je manquais d’ambition, peut-être, mais je n’en avais pas l’impression. Au contraire, j’étais réaliste. C’était déjà une belle réussite d’avoir atteint ce niveau, et bien que je voulais continuer d’évoluer et de progresser, je savais que ça passait par « se faire un nom » dans ce nouveau monde. En attendant mon éventuel tour, je continuais d’écrire mon histoire.
Je m’étais entraîné dur pour monter encore d’une marche, et voir que ça portait ses fruits me donner envie d’aller encore plus loin, de rêver à plus que ce que j’avais déjà accompli.

Pourtant, la route fût difficile : lors de mon premier Tournoi de France (TDF) en 2ème division, à Colombes, j’ai fait l’une des pires performances de ma vie. Un manque d’aiguisage de mes lames et donc d’appui, lié très certainement au stress d’une compétition un peu plus importante fait que je termine bonne dernière, avec 4 chutes, et dont deux départs de sauts par terre avant même de sauter… De plus, j’étais la dernière de la journée à passer ! Une façon de faire une entrée fracassante dans le circuit!
Maintenant, j’évite soigneusement de faire des compétitions à Colombes : 4 chutes lors de cette performance, alliée à une chute en 2006 en compétition de synchro, ce n’est définitivement pas une patinoire qui me porte chance !
Malgré tout, je me suis présentée au podium pour récupérer ma médaille synonyme de ma participation.
Le retour à la maison n’a pas été facile : mon père qui était présent n’a pas arrêté de critiquer le fait que c’était vraiment du temps et de l’argent de perdu pour rien et que je ferai mieux de ne pas faire de TDF si c’est pour faire ce genre de performance. Evidemment, ça fait mal d’entendre ça, et c’est même décourageant sur le moment. Pourtant, au lieu de pleurer et de m’apitoyer sur mon sort, j’avais la rage de vaincre. J’avais envie de lui prouver le contraire, mais surtout j’avais envie de me prouver que ma place était là, que j’étais capable de le faire, et j’avais déjà la tête au prochain entraînement.
Par la suite, dans le futur, je le bannirais de venir assister à mes compétitions individuelles.
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Anecdote : Lors de ma rencontre en début de saison avec Valérie et Marine, mes deux entraîneurs en artistique, mes objectifs étaient simples : avoir tous les sauts à la fin de la saison. Sur les trois que j’étais capable de faire sur 5, seulement 2 étaient constant. Autant dire que j’avais du travail à faire, mais j’adorais les défis ! En décembre, j’étais en mesure d’en réussir 4 sur 5, avec le dernier qui était sur le bord d’être réussi aussi.
Valérie se sentie obliger de me préciser : « Agathe, ce n’est pas pour la fin de l’année que tu dois atteindre ton objectif, mais à la fin de la saison ! »
Traduction : Ce n’est pas pour Décembre que tu dois réussir, mais pour Juin.
Je le savais bien, mais si ça pouvait être avant, ça m’arrangeait très bien. Et comme ça, je prenais de l’avance ! 😉
Le dernier double saut qui me manquait fut réussi au début du mois de Février, j’avais donc atteint mon objectif dans les temps, et même en avance, comme je le souhaitais.
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C’est aussi avec mon entrée en deuxième division, que j’ai rencontré Maëliss. En commençant les compétitions en artistique et encore plus en changeant de division, je ne connaissais personne et je suis arrivée dans le cliché de notre sport : les strass et les paillettes alliés à l’arrogance.
La compétition était intense : les filles n’étaient pas là pour ce faire des amies, mais pour gagner et devenir une star du patinage. Assez ironique quand tu n’es même pas dans la meilleure division pour réaliser cette ambition…
Maëliss fût l’exception. Elle ne me connaissait pas mais elle fût la seule à me dire bonjour, à me parler et à se montrer gentille. Si bien que j’en étais étonnée, mais contente : mon premier TDF ne m’avait pas habitué à ça…
Après ça, j’ai cherché qui c’était, et j’espérais faire les mêmes compétitions qu’elle. De plus, c’était une excellente patineuse qui se classait dans le haut du tableau, tout le contraire de moi! 😅
Pour une fois, les réseaux sociaux et internet font bien les choses : c’est comme ça que nous avons pu garder contact et créer une amitié sincère qui dure encore aujourd’hui.
Elle finira par rejoindre le monde de la synchro en 2010, et elle partira aussi dans une équipe étrangère, mais en Suède.

Photo prise en Avril 2015
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Concernant mes étés, rien de particulier à l’horizon : j’ai participé à la deuxième et troisième édition du stage au Mans organisé par mon club en 2009 et en 2010.
La seule différence : c’est que je devais me diviser en deux. La patinoire de Rouen fermait pour travaux, et pour assurer la construction de nos nouveaux programmes de synchro, nous avons donc fait un camp de cohésion d’équipe d’une semaine au Mans.
Ma deuxième semaine au Mans était spécial artistique et c’était aussi l’occasion de monter mon nouveau programme solo.
En Août 2009, j’ai eu la chance de participer à un stage de Ligue à Cherbourg. Ce stage regroupait des patineurs de toute la Normandie issue de la 1ère, 2ème et 3ème division. Pendant une semaine, nous avions la possibilité d’apprendre de nouvelles choses issues des entraîneurs des autres clubs, que ce soit sur glace ou hors-glace. Nous étions comme une grande colonie de vacances où nous cohabitions ensemble. De nouveau, je me suis retrouvée dans un événement où se trouvait Bruno Massot, futur champion Olympique en couple en 2018. Déjà à l’époque, c’était une star au sein de la Ligue de Normandie.
Pour la première fois dans un stage de Ligue, et bien que je connaissais d’autres filles, j’avais une amie qui venait de mon club de patinage, Lisa. Grâce à elle, il m’était plus facile de parler avec les autres même si nous restions principalement ensemble. Ca faisait du bien d’avoir une vraie alliée et de ne pas se sentir seule. Pas que j’ai un problème avec la solitude, je suis plutôt solitaire de nature, mais d’habitude, j’avais plutôt l’impression de déranger : qu’on n’acceptait pas que je sois là. Mais ma place, je l’ai mérité en travaillant dur.
Nous avons plus sympathisé avec les patineurs de Rouen, nos clubs étant les plus proches l’un de l’autre. De plus, faisant partie de la Team Synchro Energie, et en ayant des entraînements à Rouen, c’était aussi plus facile de se revoir.
D’ailleurs, Cyrielle, patineuse artistique de Rouen finira par essayer le patinage synchronisé et rejoindra notre équipe.
Un autre patineur de mon club, Louis, faisait aussi parti du stage : nous étions donc trois représentants du club de Louviers. Mais pour une fois, il pouvait avoir des amis garçons, alors il en profitait.
Des filles et des garçons pendant une semaine sans histoire d’amour et de flirt? Impossible.
Est-ce que j’étais concernée? Evidemment!
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Ma saison 2009 – 2010 n’a pas connu de grandes aventures particulières. Je continuais de participer à des Tournois de France.
Cette année fût marquante en synchro, certainement ma meilleure saison en France. Par conséquent, et parce que dans une équipe c’est le collectif le plus important, mon focus était porté sur la Team Synchro Energie plutôt que sur « moi. »
Malgré tout, je continuais mon petit bout de chemin dans ce nouveau monde en participant à différentes compétitions pour gagner en expérience.
En 2008, on avait aussi fait appel à MaryClass pour me créer une robe sur mesure que j’ai porté durant les deux saisons.
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Anecdote : J’ai toujours aimé apprendre. On m’avait dit : « Agathe, soit une éponge. Retiens-tout ce qu’on te dit et le plus vite possible. »
C’est ce que je faisais au patinage. J’apprenais vite car j’étais passionnée. Seulement j’avais du mal à stabiliser mes doubles sauts. Travailler la constance, ce n’était pas vraiment mon point fort. J’estimais qu’en travaillant de nouvelles difficultés, ça m’aiderait à stabiliser les plus anciennes et donc les plus faciles. Malheureusement, ça ne marche pas comme ça.
Alors que durant un entraînement je m’acharnais à réussir mon double Lutz, qui ne passait pas depuis 3 mois, Jacques Mrozek fût de passage à la patinoire et j’étais heureuse de le revoir. Je sais que sans lui, je n’aurais certainement pas progressé aussi vite.
Depuis le bord de la glace, il a commencé à me coacher, et je me sentais mal d’aller le voir vis-à-vis de mes entraîneurs présents sur la glace. Mais finalement en deux essais avec ses conseils, mon double Lutz était de retour.
Cette anecdote me rappelle à quel point c’était un excellent entraîneur. Il n’avait aucun a priori sur le patineur, il lui transmettait son savoir tout simplement.
Malheureusement, je suis tombée sur une interview pour un journal local sur lui. Il était en désaccord total avec le fonctionnement de la Fédération, et malgré que je lui donne raison, c’est suffisant à vous évincer dans ces moments-là. La Fédération est prête à perdre un admirable entraîneur pour de la politique. J’espère un jour que cela changera.
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Je dirais seulement que l’expérience la plus marquante de cette saison fût les Championnats de Normandie.
Beaucoup de patineurs cherchent à rester dans le sport d’une manière ou l’autre après sa carrière sportive. Pour le coup, c’était en faisant la formation juge.
Ces apprenties juges, et amies de mes concurrentes, sont venues dans le vestiaire et l’une d’elle a dit : « C’est moi qui t’ai donné le +1 à ta pirouette! »
C’est à partir de ce moment-là que j’ai compris : devant moi, dans le vestiaire, on venait de m’avouer que des points pas forcément justifiés avaient été donnés.
La mauvaise image du patinage est fondée et elle commence à tous les niveaux. C’est bien dommage.
A partir de ce moment-là, je n’ai plus accordé d’importance aux Championnats de Normandie. J’y venais pour l’expérience, passer de bons moments avec mon club et mes amis mais je n’attendais plus rien de cette compétition en terme de résultat.
Je n’ai jamais aimé patiner devant des gens que je connaissais car ça me stressait d’autant plus, alors cette compétition était toujours un challenge pour moi contrairement aux TDF.
Mais pourquoi, quand je patinais correctement en TDF, j’étais en mesure de les battre, mais très rarement, voire jamais, en Championnat de Normandie ?
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Anecdote : Coupe Porte de l’Eau 2009, Louviers.
Mon club avait l’habitude d’organiser une compétition de patinage artistique pour les patineurs de 3ème, 4ème et 5ème division. Depuis mon passage en deuxième division je n’y participais plus, mais c’était devenu une tradition d’être présente pour encourager les autres patineurs de mon club, ou pour tout simplement aider à la bonne gestion de la compétition.
Mon père s’occupait de gérer la musique avec un autre bénévole et durant les dernières installations avant le début de la compétition, ils leur semblaient avoir entendu des miaulements. Cependant, ils n’ont pas pris le temps de vérifier avant la fin de la compétition. C’est donc à la fin de la journée, sous une bâche, qu’ils ont découvert trois chatons.
Nous savions que dès que nous serions partis, le propriétaire de la patinoire s’en débarrasserait… Alors après des négociations avec mon père, il m’a dit que je pouvais les prendre si j’allais les chercher avant de sortir de la patinoire. J’étais juste devant la porte, et je n’ai pas hésité une seule seconde à faire demi-tour, suivi d’Alycia une amie. Nous avons trouvé un carton et nous les avons mis dedans, direction ma maison. Le lendemain matin, lors de la visite de contrôle chez le vétérinaire, nous apprenions qu’ils étaient bébés, à peine une semaine, et qu’il allait falloir les nourrir au biberon, tous les 4 heures si possible!
C’est ce que nous avons fait, où plutôt ce que ma mère a fait en se levant la nuit! Malgré les craintes du vétérinaire concernant la femelle de la portée, les trois chatons ont survécu. Nous en avons gardé les deux mâles, et nous avons donné le troisième chaton à Marine, l’une de mes coéquipières et fille de l’un de mes entraîneurs.
Aujourd’hui, ce sont certainement les chats les plus affectueux que j’ai eu, et ils font toujours partis de notre vie. C’est une des raisons pour laquelle j’aime rentrer en France, mais aussi pour laquelle la patinoire de Louviers aura toujours une place à part dans mon coeur. C’est mon enfance, mon adolescence, la construction de la personne que je suis aujourd’hui et énormément de souvenirs.