J’avais beau rêver des compétitions internationales à l’étranger, la French Cup aura toujours une place spéciale pour moi. Dans les bons comme dans les moins bons souvenirs…!
Dans les joies de la French Cup, nous pouvons compter la parade dans les rues de Rouen ainsi que la FlashMob sur le parvis de l’hôtel de ville. Même si au début je suis toujours réticente à l’idée, c’est un moment que je finis toujours par adorer!

La French Cup est aussi synonyme de voir les plus grandes équipes du Monde, chez nous, dans notre patinoire ainsi que l’occasion de revoir Marilyn, la coach des Suprêmes, d’avoir quelques conseils avant la compétition, et d’admirer ses équipes lors des entraînements non-officiels.
Je me souviens encore d’être assise dans les estrades, le jeudi matin, pour regarder l’entraînement des Suprêmes. Avec Camille, nous étions totalement fan du programme long des Sénior, sur un Tango. J’aurais tellement aimé le patiner! C’est d’ailleurs ce qu’on se disait: ça doit être incroyable de patiner ce genre de programme, d’être dans une équipe comme ça. De tout simplement partir patiner dans une équipe étrangère: on en rêvait!
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Après les festivités de bienvenue, il était temps de démarrer la compétition avec notre programme court. Même après deux mois, j’avais toujours du mal avec notre nouvelle musique. Je ne m’étais toujours pas habituée à ce changement et je n’appréciais pas vraiment le mix avec notre deuxième partie de musique. C’est certainement une des raisons pour laquelle j’avais plus de difficultés à performer ce programme. Malheureusement, cela devait se ressentir.
Nous n’avons pas eu de faute majeure durant notre performance, même si certains éléments laissaient à désirer. Le public aussi ne fut pas très réceptif à la musique.
Sans surprise, nous étions la 3ème équipe française après le programme court. J’avais l’impression de stagner, de ne pas évoluer avec ce programme. Comme si on adorait se mettre des bâtons dans les roues.


Ce qu’on apprécie aussi à la French Cup, c’est de revoir d’anciennes TSE, venues observer la compétition mais également pour nous encourager. C’est toujours agréable de partager ce que l’on aime le plus au monde avec nos familles et amis.
(Photo datant de 2011)
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Le deuxième jour de compétition était vraiment long. Comme toujours, nous n’avions plus nos chambres d’hôtel pour cette journée-là, alors nous traînions nos valises dans la patinoire, nous nous maquillions dans les estrades en même temps que la compétition junior. Nous étions juste tout le temps dans l’ambiance de compétition. Ce qui peut être motivant sur une petite période devient pesant sur la longueur.
Par ailleurs, le début de la catégorie sénior avait du retard, nous étions donc prêts en avance et avions l’opportunité de faire une micro sieste avant notre échauffement. J’étais fatiguée et j’avais froid, mais je ne voulais pas dormir. Je savais sinon que je ne serais pas en forme pour patiner.
Notre mise en jambe fut un peu difficile. La fatigue de la journée, même du week-end, se ressentait, mais nous étions enfin prêts à patiner. Pour l’une des rares fois dans ma vie, j’étais la première à mettre le pied sur la glace. J’étais concentrée, prête à me battre jusqu’au bout pour remonter dans le classement.
Toute l’équipe était motivée à faire une bonne performance. De plus, le fait de patiner chez nous, avec notre public, nous donne une vague de confiance en plus.
Malgré tout, c’est une ambiance pesante que j’ai ressenti sur la glace et qui a régné durant toute notre performance. Notre premier élément du programme était les portés, qui n’avaient jamais été un problème pour nous cette année. Pourtant dans mon porté, la coéquipière que nous soulevions s’est relâchée et a failli tomber… La performance commençait mal!
Ensuite, nous enchaînions avec le step circle. Les modifications depuis sa création 6 mois plus tôt combinées à l’adrénaline du moment faisait que nous patinions plus vite et par conséquent nous ne finissions plus à la même place… Ce qui avait une répercussion directe sur la transition qui suivait!
Ce fut ainsi durant toute la performance. Ce n’était pas une catastrophe mais c’était loin d’être notre meilleure performance.
Pour confirmer ce sentiment étrange que j’avais depuis le début, nous avons eu une chute dans notre croisement en angle. Ce n’était pas un drame, mais l’accumulation de petites erreurs ici et là pouvait finir par nous être fatal.
Il était dorénavant impossible de se qualifier pour les Championnats du Monde. Je le savais avant même d’avoir les résultats, mais j’étais loin d’être au bout de mes surprises!
En effet, Zoulous avait obtenu un score total de 128 points, ce qui les conforta dans leur statut de meilleure équipe de France, et leur assura leur qualification. Ma première déception était que Atlantides termine la compétition devant nous avec un total de 107 points, contre 101 points pour nous. Cependant, en revoyant les images et en repensant à notre programme, c’était totalement normal.
Ma plus grosse déception fut également une grande surprise pour moi. Ex’l Ice, qu’on désignait toujours comme la quatrième équipe française, était en train de changer de statut. L’équipe patinait leur programme long juste après nous, et mes entraîneurs avaient beau me dire de retourner au vestiaire avec le reste de l’équipe, je suis restée en bord de piste pour regarder leur performance et entendre leur note. Je n’étais déjà pas contente de notre performance et de notre résultat, mais le coup de massue s’en venait.
Ex’l Ice venait de nous battre au programme long et a terminé la compétition juste derrière nous avec 100 points au score total! Ils nous avaient presque battus!
Je n’arrivais pas à le croire et je me souviens très bien d’avoir dit quelque chose du style: « Mais c’est une blague? On est là, à dire qu’on est Vice-Champions de France, qu’on veut aller aux Mondiaux et aujourd’hui on a failli finir dernière équipe française? C’est quoi ça? »
Oui, j’avais, et parfois j’ai encore, un mauvais caractère mais j’étais révoltée et vraiment énervée. Je n’avais rien contre Ex’l Ice, bien au contraire c’était génial pour eux de voir leurs efforts enfin récompensés. Ma colère était plutôt dirigée envers mon équipe: nous pouvions faire bien mieux que ce soir-là, j’en étais persuadée. J’avais l’intention que ce soit la dernière déception que vivrait la TSE.
De plus, je m’étais toujours dit que si nous n’étions pas première équipe française, nous nous devions d’être deuxième, rien de moins. Il y avait clairement encore du travail pour y arriver.
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Cette saison encore, nous participions au podium de la French Cup pour conclure le Championnat de France D1, qui se déroulait sur plusieurs compétitions. (Les mêmes que celles pour gagner la qualification.)
Avec deux deuxième places, et une troisième place gagnée de justesse, nous remportons le titre de Vice-Champions de France D1. Je n’arrivais pas à faire semblant et je n’avais aucune envie de célébrer ce titre. Certainement pas après notre résultat à la French Cup, où nous avons failli être dernière équipe française et à récupérer une énième deuxième place. J’en avais marre, je voulais gagner. Je n’avais même pas envie de prendre de photos avec mes « idoles ». Je voulais être elles.

Après la French Cup, parce qu’encore une fois nous n’étions pas qualifiés pour les Mondes, nous avons eu une semaine de congé. Je n’avais pas envie d’avoir de vacances forcées, je voulais qu’on travaille sur nos lacunes alors en attendant la reprise, je profitais de ce temps libre pour travailler par moi-même en artistique.
Le vendredi soir, nous étions de retour à la patinoire pour un meeting d’équipe. L’occasion de revenir sur la French Cup, conclure la saison et anticiper la prochaine.
Je ne me souviens pas d’avoir pris la parole. Je savais que j’étais toujours énervée par les récents événements et je risquais de dire quelque chose que je regretterais car je l’aurais surement mal formulé. On dit généralement que je suis une bombe à retardement: j’accumule avant d’exploser… C’est loin d’être la meilleure solution.
Je n’avais pas envie d’être comme ça ce soir-là, alors j’ai écouté mes coéquipières et j’analysais leurs paroles. Je ne savais pas encore que j’allais connaître l’une de mes plus grandes déceptions de ma vie de patineuse à ce moment-là.
En effet, Valérie et Anne-Sophie voulaient savoir qui avait l’intention de continuer l’aventure pour la prochaine saison. Nous devions donner notre réponse les uns après les autres, comme un tour de table. Au fur et à mesure des réponses, il était plus facile de compter les personnes qui voulaient rester que les départs… Normalement, ça a toujours été l’inverse.
Nous étions 6 à vouloir rester, à avoir la rage de se battre. Seulement 6! J’étais déçue de voir que l’on abandonnait, qu’on n’avait pas le courage de poursuivre nos rêves.
Avec autant d’arrêts, je n’ai pas eu besoin d’attendre les réponses de tout le monde pour comprendre: nous n’avions pas l’effectif pour remplacer les départs, c’était la fin de l’aventure pour la TSE. Je n’avais plus d’équipe. Ma peine et ma déception étaient immenses.
